Vous êtes ou vous allez être en congé maternité et vous souhaitez bien préparer votre retour au travail ? Vous venez de rentrer de congé maternité et vous vous posez quelques questions ? Une de vos collègues est enceinte ou vient d’avoir un enfant.
Notre partenaire Issence vous aide à aller à l’essentiel pour préparer un retour de congé maternité de façon professionnelle et sereine.

Clémence Pagnon est doula, accompagnante à la naissance. Avec Isma Lassouani, elles ont co-fondé Issence. Une agence de formation et de conseil pour concilier parentalité et carrière et accompagner les salariés-parents et leurs entreprises. En 2020, elles décident de mettre l’accent sur l’accompagnement et le soutien au 5ème trimestre, le retour de congé maternité.

L’interview inspirante de Clémence Pagnon et Isma Lassouani par Cécile Tauvel

Avec votre entreprise Issence, vous souhaitez faire rimer parentalité et carrière,  qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

La casquette de parent et la casquette de professionnel ne sont pas toujours compatibles dans le monde du travail tel qu’il est organisé généralement. Notre objectif, c’est d’accompagner les parents et leurs entreprises à trouver une organisation qui permettent à ces deux facettes d’un même individu de vivre en harmonie.

Pour agir en ce sens, il faut plusieurs prises de consciences :

  • L’équilibre entre le pro et le perso n’est pas quelque chose de « mathématique» : 50% travail, 50% famille. Il s’agit plutôt de ne pas perdre de vue ses essentiels; ses valeurs, ce qui nous donne de l’énergie…; dans notre semaine. Et si l’incarnation de ces essentiels passe une semaine par plus de travail, parce que gros rendu client par exemple. Ou par une semaine plus orientée famille (parce que rentrée scolaire, c’est ok.
  • S’intéresser aux parents qui travaillent, profite à tous les salariés de l’entreprise. Les parents et leurs besoins sont bien souvent les fers de lance d’une meilleure qualité du « travailler ensemble ». Et si on réfléchissait aux horaires de travail ? Et si on réfléchissait à comment maintenir un collectif de travail avec une absence longue (comme un congé maternité par exemple) ?

Faire rimer parentalité et carrière, c’est tout simplement observer cette articulation pour lever les freins quand ils existent (sur le plafond de verre des mères par exemple) et changer de regard pour travailler mieux individuellement et collectivement.

congé maternité
Illustration : Cécile Tauvel

Qu’est-ce qui vous a motivé à parler du 5ème trimestre ?

En 2020, mon associée Isma a donné naissance à son petit garçon. On a donc eu l’occasion de traverser ensemble ces différentes étapes « maternité et carrière » (grossesse au travail, congé maternité…). Et c’est le moment du retour de congé maternité, qu’on appelle le 5ème trimestre, qui est l’étape qui nous a semblé la plus complexe et paradoxalement la moins accompagnée !

Cette expérience personnelle et d’entreprise s’est enrichie de toutes les paroles de mères que nous avons accompagnées en atelier chez Issence. Cela a fini de nous convaincre que c’était à cette période cruciale du  parcours professionnel des mères que s’installent les inégalités professionnelles. C’est un moment clé sur lequel il alerter la société. Car il existe un décalage de perception important entre la jeune maman qui vit une étape toute nouvelle de sa carrière, et son employeur qui s’attend à refermer la « parenthèse maternité ».

Quel est l’impact du 5ème trimestre en entreprise ?

Quand on a commencé à s’intéresser de plus près au 5ème trimestre, on s’est vite rendu compte du manque de sources, de chiffres ou d’espaces pour parler de ce sujet en France. On a donc lancé une grande enquête auprès de 700 mères, entre juillet et octobre 2021. Et voici quelques-unes des conclusions qu’on a pu en tirer.

7 femmes sur 10 prolongent leur congé maternité. C’est dire s’il est bien trop court en France. La conséquence ? Un manque d’espace de transition entre la maison et le bureau. Où le retour au bureau coïncide avec trop d’exigences : apprendre la séparation avec son nouveau-né, continuer à se remettre physiquement d’une grossesse, réintégrer un collectif de travail qui a avancé sans nous.

Quand on interroge les femmes sur leur vécu de la reprise, elles sont 1 sur 2 a estimé avoir manqué d’écoute et de soutien de la part de leur manager. Et elles sont 80% à ne pas avoir bénéficié de leurs droits : absences de visite médicale, pas d’entretien de retour avec le manager ou le RH. Chez Issence, on appelle ça un « retour fantôme », qui dénote bien de la perception polarisée entre les femmes et leurs entreprises.

L’impact de ces « retours manqués » se paye à court et long terme pour les femmes. A court terme, beaucoup de femmes subissent des préjugés ! « Maintenant que tu es mère, tu ne seras plus aussi disponible, donc on te confie moins de projet ». Ces manques de progression dans la carrière, ou d’augmentations, font qu’aujourd’hui l’écart de salaire entre pères et mères à 45 ans est de 25%. Selon l’étude de l’INSEE sur les écarts de salaire, 2020. C’est l’installation du plafond de verre !

congé maternité
Illustration : Cécile Tauvel

Sans dévoiler tout le contenu du webinaire du 24 février. Quels conseils donneriez-vous à une salariée pour mieux vivre son retour de congé maternité ?

Le retour de congé maternité se vit à deux, entre la jeune maman et son employeur. Et heureusement, il y a de belles histoires à écrire.

  • Premier conseil : anticiper, en faisant le point sur ses envies. On parle souvent de projet de naissance quand on prépare son accouchement ; on vous encourage à faire un projet de reprise !
  • Deuxième conseil : voir la reprise comme un marathon et non comme un sprint. La reprise, c’est une période longue avec différents moments. Etre en prise d’information, trouver sa logistique avec la garde de bébé, faire les ajustements avec son conjoint ou son équipe… Fixez-vous des étapes dans votre reprise.
  • Troisième conseil : pour les premiers jours, libérez votre agenda. Vous allez devoir absorber beaucoup d’informations d’un coup et avec des émotions parfois ambivalentes. Joie de reprendre mais culpabilité de laisser bébé ou de devoir partir plus tôt… Essayez de conserver l’essentiel pour vous faire du bien ces premiers jours et demander de l’aide.

Certaines entreprises proposent des retours progressifs, c’est une bonne façon de remettre le pied à l’étrier sans être submergée.

Illustration : Cécile Tauvel

Quels conseils donneriez-vous à un(e) DRH pour accompagner les retours de congé maternité ?

Les responsables RH et les managers ont eux aussi un rôle à jouer pour que les retours se passent bien.

  • Mettre en place un process : Si vous connaissez la marche à suivre en termes d’informations à donner, de calendrier à suivre,  au moment où une salariée vous annonce sa grossesse, c’est rassurant pour vous. Vous pouvez travailler en amont la traduction du cadre légal  dans votre culture d’entreprise, Ce cadre rassurant ne laissera pas au libre arbitre du manager la gestion de ces retours.
  • Co-constuire le retour, comme un nouvel « onboarding ». Toutes les femmes ne vivent pas la maternité de la même façon et n’attendent pas la même chose de leur retour au travail. Mais après une absence longue, il y a besoin de considérer la collaboratrice comme ayant besoin d’un nouveau moment d’onboarding.  Vous avez un devoir d’information de ce qui s’est passé en son absence. De son côté, laissez-la exprimer ce qu’elle souhaite pour cette reprise : un peu de temps pour elle ? Ou au contraire le besoin de nouveaux défis ?
  • Soigner l’accueil le jour J. Le jour J est un moment clé de la relation employeur-salariée. Le jour de son retour, accueillez la. Organisez un moment de convivialité, accompagnez la à son bureau, prenez le temps de la recevoir. En bref : faites-lui savoir, par votre présence et votre écoute, que ce jour du retour est important et marque une étape.

En quoi cela favorise-t-il l’engagement des collaboratrices ?

Un retour de congé maternité réussi, c’est une salariée que l’on fidélise. C’est la possibilité pour elle de se projeter dans le collectif de travail, en ayant l’assurance qu’elle a retrouvé sa place et qu’elle pourra faire grandir ses talents au service de l’entreprise.
Et avoir des salariées qui restent, c’est une marque employeur qui trouve des ambassadeurs naturels. C’est la possibilité de féminiser son top management, c’est la réduction des coûts de recrutement lié au turn-over.

Les questions “inspiration”

Qu’est-ce qui te plaît dans tes missions au quotidien ?

La diversité des interactions humaines que je peux avoir. Rencontrer des RH de toutes tailles d’entreprises, animer un webinaire avec des parents, accompagner en one to one des jeunes mamans à leur reprise.

Et le plaisir sans cesse renouvelé de travailler main dans la main avec mon associée et amie !

Comment équilibres-tu ta vie personnelle et professionnelle ?

Je commence ma journée en faisant une balade dans le parc et en écoutant un podcast (j’ai la chance d’avoir un parc juste à côté de la maison !). Ce petit moment de soupape du matin pour commencer avec les idées claires me fait du bien.

Et chaque début de semaine, je prends un temps pour organiser ma semaine. En prévoyant aussi les pauses de respiration, le déjeuner avec une copine par exemple (en visio ces derniers temps !).

Qu’est-ce qui te fait gagner du temps ?

J’ai déménagé il n’y a pas longtemps et j’ai découvert le principe du drive pour les courses à 5 minutes de chez moi ! Et bien ça me change la vie, moi qui n’aimait pas les supermarchés. Je complète par le marché du dimanche matin et souvent je prépare quelques plats d’avance en rentrant du marché pour moins cuisiner en semaine.

Illustration : Cécile Tauvel

Qu’est-ce qui te fait gagner de l’énergie ?

Je suis une créative dans l’âme : je couds et je tricote ! J’essaye donc de conserver de l’espace dans mes semaines pour pouvoir faire travailler mes mains et ainsi sortir du tout mental. Et avoir le plaisir de porter du fait-main !

Pour quelle cause ou dans quelle association es-tu engagée ?

L’égalité hommes-femmes et le soutien à la maternité sont mes deux moteurs, que j’ai choisi de mettre au cœur de mon activité chez Issence.

Ayant vécu 5 ans en Italie, à Rome, j’ai créé un groupe de soutien à l’entreprenariat au sein de PonteVia!, une association francophone de soutien à l’emploi, que je continue d’accompagner même à distance !

 Qu’est-ce qui t’inspire ?

Une personne : Cécile Doherty Bigara. Je trouve que ses interrogations et ses mots sur l’ambivalence de la maternité sont très beaux.

Un livre : je suis en train de lire La femme mythifiée, de Betty Friedan. Un classique américain du féminisme qui explique pourquoi les femmes américaines éduquées sont majoritairement rentrées au foyer dans les années 60. Son livre est passionnant et fait réfléchir encore aujourd’hui.

Une œuvre d’art : les chorégraphies de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, champions du monde de danse sur glace ! Ils ont une recherche du mouvement et de l’harmonie qui me fascine. Et j’assume complètement mon amour du patinage artistique !

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Illustration : Cécile Tauvel

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Cet article vous est proposé par Cécile Tauvel, cofondatrice sur réseau La Minut’rit, en partenariat avec Clémence Pagnon, cofondatrice d’Issence.