Nous voudrions vous présenter un extrait du mémoire « Les femmes et l’entrepreneuriat » de Lucille GUDER.

« Lorsqu’on parle d’entrepreneuriat et de success stories, quels noms d’entrepreneurs célèbres nous viennent à la bouche ? J’ai fait le test avec quelques amis et via une recherche basique sur Google. Résultat ? Les noms d’entrepreneurs célèbres qui viennent à l’esprit en premier ou lors d’une recherche Google sont toujours des hommes. Bill Gates, Mark Zuckerberg, Steeve Jobs, Richard Branson, Xavier Niel, Jacques Antoine Granjon, et bien d’autres. Aucune femme. Ainsi comme le dit Viviane de Beaufort : « On a encore du mal à projeter une femme dans le rôle d’entrepreneur. Pour beaucoup, un entrepreneur, c’est un homme ! C’est l’image que l’on nous renvoie en culture d’organisation. »

Et pourtant saviez-vous que les entrepreneurs à l’origine de Zara, du groupe de presse Huffington, de Meetic ou de My Little Paris sont des femmes ?

Ainsi je pense qu’une augmentation de l’entrepreneuriat au féminin doit tout d’abord passer par une meilleure mise en lumière des femmes entrepreneures qui existent déjà, afin que les femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat aient un modèle à qui ressembler, une success-story qui les fasse rêver. Et pourtant les femmes entrepreneures qui ont réussi ne manquent pas :

  • Cher Wang est la cofondatrice de HTC (fabricant de smartphones),
  • Arianna Huffington a transformé son nom en une véritable marque avec sa chaîne de site média Huffington Post,
  • Rosalia Mera a cocréé Inditex (la société mère qui détient entre autres ZARA),
  • Tory Burch est la créatrice de la marque de prêt à porter du même nom,
  • Bertile Burel est la créatrice de Wonderbox (leader des coffrets cadeaux),
  • Anne-Sophie Pastel-Dubanton fondatrice de au féminin.com (qui vient se faire racheter pour 280 millions d’euros),
  • Pauline Laigneau fondatrice de Gemmyo (marque de joaillerie en ligne et dont on peut voir depuis peu des pubs dans le métro parisien),
  • Céline Lazorthes fondatrice de Leetchi (plateforme de paiement en ligne),
  • Fany Pechiodat créatrice de My Little Paris,
  • Loumia Hiridjee créatrice à 22 ans de la marque de lingerie Princesse Tam Tam,
  • ou encore Iseulys Costes cofondatrice de 1000 mercis (grosse agence de publicité).

 

Avec tous ces beaux exemples d’entrepreneuriat au féminin, il serait bon de développer et de diversifier la diffusion de témoignages de ces femmes entrepreneures aux parcours divers, dans les médias classiques et spécialisés entrepreneuriat mais aussi dans les écoles. Afin que les petites filles aient elles aussi leurs idoles, et puissent elles aussi dirent « Un jour, je serais comme Pauline Laigneau ». Lors de mon interview avec Audrey et Lorna, elles ont mis en avant ce besoin de rêver : « Il faut continuer à parler des parcours de femmes qui ont monté leur entreprise, montrer qu’il est possible de gérer à la fois une vie de famille et une vie de chef d’entreprise. Il y a de beaux exemples qui font rêver ».entrepreneuse
Certains acteurs ont commencé à prendre conscience de l’importance de mettre en lumière les femmes entrepreneures. C’est le cas de l’association Girls in Tech qui s’attache à mettre en valeur les femmes entrepreneures qui ont réussi à travers des conférences sur des sujets variés mais avec seulement des femmes invitées sur le plateau, même si dans la salle il y a 50% d’hommes. Les fondatrices de cette association, Mounia Rkha et Roxanne Varza, veulent susciter des vocations pour les jeunes filles et créer des modèles de réussite : « Des modèles comme Leechi ou MylittleParis, portés par des femmes, ça encourage, ça sert de modèle. C’est un peu de la solidarité féminine. C’est un peu comme les réussites à la Marc Zuckerberg ou Steeve Jobs. »
Autre exemple, dans le cadre du plan entreprendre au féminin lancé par le gouvernement en 2013, le site web « ellesentreprennent.fr » fut créé. Ce site rassemble des conseils mais aussi des témoignages de femmes entrepreneures, de tout secteur et aux parcours différents. Les objectifs de ce site web sont variés : non seulement répondre aux questions que se posent les femmes entrepreneurs, les orienter vers des réseaux appropriés mais aussi de susciter des vocations d’entrepreneures, via les témoignages notamment.
Le cinéma et les courts métrages peuvent également être des moyens de mettre en lumière les femmes entrepreneures. Récemment, le film « We Love Entrepreneurs » a connu un grand succès sur internet. Ce film met en lumière durant 55 minutes les entrepreneurs français qui cartonnent et qui reviennent sur leurs parcours. Quelques femmes y apparaissent, notamment Céline Lazorthes (Leetchi) ou Fany Pechiodat (My Little Paris). Même si elles restent minoritaires, c’est un bon début pour mettre en lumière les femmes entrepreneures. Autre initiative, le film « She started it » traitant des femmes entrepreneures dans l’univers des nouvelles technologies dans le monde, sortira cet été. Le but de ce film ? « Mettre en lumière les femmes qui ont réussi dans l’entrepreneuriat des nouvelles technologies et ainsi encourager plus de petites filles à se lancer ».

Cependant si l’on voit si peu de femmes dans les médias, c’est aussi un peu parfois de la faute des femmes elles-mêmes. Les femmes créent de plus petites entreprises, donc forcément on en parle moins puisqu’elles ont moins d’importance dans l’économie française. De plus, de par leur manque de confiance en elles, les femmes restent en retrait, se mettent moins en avant que les hommes. Ainsi, plus difficile pour les médias d’avoir accès à elles, de les contacter. Peut-être aussi qu’elles ne veulent pas faire les titres davantage pour leur coupe de cheveux ou la couleur de leurs ongles que pour leurs talents de management. Alors que les femmes créent de superbes boites, dans les produits de beauté, mais aussi dans la logistique, un pur bastion d’hommes. »

 

Un grand merci à Lucille d’avoir d’accepté de partager avec nous son mémoire.