Le digital est un puits d’opportunités, mais il doit être mis au service du sens et de l’impact positif, pour au final transformer durablement nos sociétés. Avec Business Positif, Melody Schmaus de l’agence CAUSE part à la rencontre de chefs d’entreprises et responsable marketing et/ou RSE, pour parler autour de l’impact comme contrainte ou opportunité business.

Marketing digital responsable ? L’interview de Melody Schmaus par Cécile Tauvel


Les discussions amènent à parler du digital, du marketing, de la communication, de la RSE, de l’empreinte carbone, des stratégies gagnantes, de la rentabilité, des modèles économiques, ou encore de la croissance/décroissance des entreprises.
Cécile Tauvel, cofondatrice de La Minut’Rit, a eu la chance d’être interviewée par Melody Schmaus pour son podcast “Business Positif” début Mars 2021. Pour poursuivre la discussion et vous donner envie d’aller l’écouter quand il sortira en juillet, Cécile a interviewé Melody

Melody, tu as créé l’agence CAUSE, pourquoi as-tu choisi de te dédier au marketing digital responsable ?

Pour plein de raisons ! Déjà parce que je suis passionnée par le digital et le champ des possibles qu’il ouvre pour les entreprises, les associations, les collectivités, et toute la société en général. 

Ensuite, parce que je pense que ces outils fabuleux peuvent faire avancer la société, tout comme ils peuvent la faire reculer, tout dépend au service de quoi on les met.

Je pense que ces compétences digitales sont une forme de pouvoir que nous avons, et qu’il est important de mettre du sens dans l’utilisation de ce pouvoir.

J’ai commencé à ouvrir les yeux sur cela avec mon expérience au sein d’HelloAsso, start-up dédiée au monde associatif, puis en m’intéressant à l’univers de l’alimentation durable. Un passage pendant deux ans et demi chez FUSACQ, PME 100% web dédiée aux cessions-acquisitions-levées de fonds d’entreprises a également enrichi ma compréhension du monde de l’entreprise, et de son impact. C’est ensuite naturellement que je me suis intéressée à l’impact du digital sur plein de domaines et de causes, dont celle des femmes, de l’agroécologie, de l’artisanat et de la création, et beaucoup d’autres. 

Et c’est au service de ces causes, celles des clients de l’agence, que je mets et que nous mettons nos compétences. 🙂

Revenons quelques années en arrière, tu as réalisé un tour de France sur l’alimentation durable appelé Les Ethicuriens, quels grands enseignements en as-tu tiré ?

Oui ça a été une expérience tellement riche ! Si je devais ressortir les grands enseignements principaux, je dirais

1/ L’humain avant tout : on a vécu à moitié en van, à moitié chez des gens qui nous ont accueilli les bras ouverts, et nous ont partagé leurs histoires, leurs combats pour l’alimentation durable depuis bien avant que ce soit devenu un sujet pour le grand public. Ce qui reste, c’est toujours l’humain et les rencontres, et c’est valable avec nos clients aussi !

2/ L’importance de travailler en alignement avec ses valeurs, au quotidien. Je suis une vraie travailleuse, vraiment impliquée dans ce que je fais, et j’ai compris grâce à ce tour que c’était essentiel pour moi que mon travail me fasse vibrer au quotidien, vu la place qu’il prend dans ma vie ! Et naturellement, que mes collaborateurs se retrouvent aussi dans les valeurs de l’agence. 

3/ Manger c’est voter, et chaque achat alimentaire est un vote. Manger bio, local, de saison n’est vraiment pas anodin, c’est aussi notre pouvoir de citoyen. Car ce comportement, à grande échelle, influe sur les décisions qui sont prises par les industries toutes entières. D’ailleurs, on le voit bien aujourd’hui, quelques années après ce tour : toute l’industrie agro-alimentaire et l’agriculture conventionnelle sont challengées et poussées à se transformer. Et ça, c’est en grande partie grâce à l’évolution des comportements des consommateurs.

4/ Prendre le temps de réfléchir, d’essayer et de rater, pour mieux réussir par la suite. C’est un des apprentissages de ce tour, que j’expérimente encore aujourd’hui. Prendre le temps. 🙂

Et comment mettre le digital au service du sens et de l’impact positif, comment peut-il nous aider à transformer durablement nos sociétés ?

En gardant à l’esprit que digitaliser ne veut pas dire “déshumaniser”

Le digital apporte des outils géniaux pour se développer, être visible avec les réseaux sociaux, la capture de leads par des techniques marketing en ligne, et permet à des entreprises qui n’auraient jamais pu se faire connaître il y a peut-être 20 ans, d’émerger ! 

Il apporte aussi des outils fabuleux pour communiquer : les visios bien sûr, mais aussi les solutions comme Slack, les documents partagés de Google ou en open source, Notion, Telegram, WhatsApp, Trello, Asana,…

Le digital révolutionne nos quotidiens en permettant à ceux qui télétravaillent de ne plus passer 5 jours par semaine dans les bouchons ou des métros blindés, de mieux gérer leur équilibre vie pro/vie perso, …

Enfin il permet de faire en quelques heures ce qui aurait été fait en quelques jours il y a plusieurs années. Il appartient à tous et personne en même temps, et permet aussi de faire évoluer en profondeur certains comportements, grâce à la viralité. Il pousse à aller vers plus d’authenticité, surtout avec l’émergence de la génération “z”, qui ne laisse plus rien passer aux marques qui veulent greenwasher. Et ça, ça apporte une vraie transformation durable de notre société !

Pour autant, il faut aussi être vigilant : l’impact environnemental du digital est énorme et ne cesse d’augmenter, c’est pourquoi il est nécessaire de le mesurer, de là encore agir en conscience dans son utilisation. Il y a des associations comme Digital for the Planet qui alertent très bien là-dessus. A notre échelle, c’est un vrai sujet : comment mesurer notre impact, et celui des recommandations que nous faisons à nos clients ?

Digitaliser ne veut pas dire “déshumaniser”

Melody Schmaus

Et concrètement, quels conseils donnerais-tu à un responsable marketing et/ou RSE sur ces sujets ?

Je dirais avant tout de faire avant de dire, d’être authentique et transparent concernant là où en est l’entreprise. 

Par exemple, Fairphone se présente comme un smartphone éthique, mais dit ouvertement qu’ils sont loin des 100% de matière première éthique. Par contre, l’entreprise se donne pour mission de faire évoluer toute une industrie, d’éduquer les consommateurs sur ces produits opaques, et de tout faire pour faire évoluer ses produits afin de répondre à la fois aux attentes des consommateurs, et à la fois aux problématiques environnementales et éthiques.

Je dirais également de produire du contenu et de faire du plaidoyer autour de leur mission. Prendre la parole, s’appuyer sur des chiffres, oser mener des études en partenariat pour mettre la lumière sur certains points sombres de son secteur, cela va non seulement faire évoluer ce dernier, mais en plus rayonner positivement sur l’entreprise.

Je dirais aussi de mesurer ses actions, en termes d’impact sur la croissance, sur son bilan carbone, sur la satisfaction client, le bien-être des collaborateurs et leur engagement… choisir les KPIs pertinents pour son entreprise. Piloter ses KPIs est une clé pour 

  • S’assurer que ce qu’on fait fonctionne  
  • Tenir son cap 
  • S’améliorer dans le temps.

Enfin, je dirais de se mettre – c’est souvent déjà le cas 😉 – dans un état d’esprit Test & Learn : auditer l’existant, sortir les pistes d’amélioration ou de croissance, co-construire avec les parties prenantes, AGIR, mesurer et recommencer. C’est ce qu’on s’évertue vraiment à faire chez CAUSE, avec beaucoup d’humilité.

Selon toi, en quoi un marketing responsable améliore-t-il la marque employeur ?

Les études montrent que le sens au travail est de plus en plus important pour les collaborateurs : chez la génération Z bien sûr, mais aussi la génération Y, et aussi une génération qui se trouve sur le marché du travail depuis plus longtemps, et qui a besoin de retrouver du sens. La reconversion professionnelle est un enjeu important d’aujourd’hui, et on retrouve souvent chez ces profils, cette attente forte d’allier sens et travail. C’est ce qu’on a pu explorer en travaillant avec notre client Little Big Impact par exemple, ou encore dans le profil des stagiaires qui viennent se former en agroécologie chez Terre & Humanisme. 

Plus une marque est cohérente, authentique, et sait dire ce qu’elle fait, prendre la parole au bon moment, utiliser des techniques marketing efficaces, mais pas dérangeantes, plus elle va attirer de profils qui seront fiers, et qui sont en recherche de ce sentiment d’appartenance à une structure vertueuse.

astuce idée

Les questions “inspiration”

Qu’est-ce qui te plaît dans tes missions au quotidien ?

J’adore rencontrer de nouvelles personnes, de nouvelles problématiques, de nouveaux secteurs, et explorer toujours plus ceux que j’aime déjà ! J’adore réfléchir et traduire les idées en plan d’actions, imaginer les mises en place, l’adaptation aux équipes…je ne me lasse vraiment jamais de mes missions !

J’aime aussi beaucoup travailler pour différentes tailles de structures : du groupe de 16 écoles dans l’enseignement supérieur ou du groupe bancaire, à la start-up qui se lance dans la santé, ou à la PME qui existe depuis 8 ans et se digitalise, ou encore à l’association qui existe depuis 25 ans et veut aussi faire un bond dans le digital.

Et j’adore la liberté d’organiser mon temps, et que l’équipe puisse faire de même ! J’aime beaucoup travailler à distance, et avoir plaisir à se retrouver lorsqu’on le décide ensemble.

Comment équilibres-tu ta vie personnelle et professionnelle ?

Je suis repartie vivre dans le sud depuis quelques mois, entre Montpellier et Sète, on retape une vieille maison vigneronne avec mon compagnon. J’équilibre mon temps entre des bonnes journées de travail et des balades avec notre chien au bord de la mer le midi en semaine, et puis les travaux, les amis et la famille le week-end. 

Je me lève vers 7h et commence toujours ma journée par une salutation au soleil, 20 à 30 minutes de méditation, un petit déjeuner et une balade avec mon chien. C’est mon rituel ! 

Les journées filent, mais sauf exception, je garde toujours mes soirs et week-ends pour la vie perso. J’ai la chance que l’agence me le permette, en tout cas pour le moment, et je tiens beaucoup à ce que ce soit pareil pour les collaborateurs. 

Qu’est-ce qui te fait gagner du temps ?

Reconnaître les tâches que je sais faire mais où je ne prends pas de plaisir, et les déléguer à une personne de l’équipe qui elle, aime ça.

Je priorise mes actions de la semaine. Chaque vendredi soir, je fais le planning de la semaine qui arrive, en laissant quelques plages libres pour les imprévus ou les nouveautés de la semaine. Ça me permet de partir sereine en week-end, et de démarrer chaque journée sans avoir à réfléchir : je suis opérationnelle tout de suite !

Qu’est-ce qui te fait gagner de l’énergie ?

Je dors 8 heures par nuit, c’est ce qu’il me faut pour être bien ! Et je fais du sport et du yoga tous les jours ou presque, c’est aussi important pour moi que les balades quotidiennes, pour aérer mon esprit et bouger mon corps.
Les discussions avec mon compagnon aussi : il est scénariste/réalisateur, et j’adore brainstormer avec lui ou écouter ses derniers concepts, ça m’inspire pour mon métier !
J’adore écouter de la musique et danser aussi, assez classique mais ça marche toujours pour se ré-énergiser. 🙂

Pour quelle cause ou dans quelle association es-tu engagée ?

Il y a plusieurs causes qui me touchent, je dirais en particulier les #femmes, l’ #alimentationdurable et les #animaux. Je suis en transition là, puisqu’on n’est pas encore installés dans notre maison. Mais je veux être bénévole dans un refuge non loin de là quand on s’installera, et m’engager davantage pour la cause des femmes. Mais chaque chose en son temps, déjà les travaux. Comme je te le disais, je calme mon empressement et apprends à prendre le temps.

 Qu’est-ce qui t’inspire ? (une personne, un livre, une œuvre d’art…)

Alors la première chose qui m’est venue, c’est le bolero de Ravel chorégraphié par Maurice Béjart, qui me transporte toujours autant. Il y a aussi le livre La tresse qui m’a bouleversée, sur 3 destins de femmes qui s’entremêlent, c’est superbe. Et puis je suis très inspirée en ce moment par les musiques de Clara Luciani, et plusieurs artistes de la nouvelle scène française qui ont des textes et musiques vraiment géniaux. 

Cette interview vous est proposée par Cécile Tauvel, co-fondatrice de La conciergerie d’entreprise La Minut’Rit. Merci à Melody Schmaus de l’agence CAUSE et animatrice du podcast Business Positif pour ce bel échange !

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