Après la canicule vécue cet été, nous sommes nombreux à avoir pris conscience que le confort de nos habitats est primordial pour l’avenir.

Afin de nous éclairer sur ce sujet, nous avons sollicité Marjorie Musy, chercheuse en microclimatologie urbaine et thermique du bâtiment. 

Marjorie Musy

Selon vous, quels sont les enjeux à venir en ce qui concerne le confort dans les habitations ?

D’un côté, les canicules vont devenir plus fréquentes et plus longues, d’un autre, les coûts de l’énergie vont augmenter. De plus, il va falloir aller vers plus de sobriété pour émettre moins de gaz à effet de serre et ne pas aggraver le changement climatique. Il faut donc aller au maximum vers des solutions passives, c’est-à-dire qui ne nécessitent pas d’énergie pour réguler le confort dans les logements l’été.

Quelles sont, selon vous, les améliorations que les particuliers peuvent apporter à leur habitat pour gagner en confort ?

Dès la construction : l’orientation, l’isolation et les protections solaires sont les premiers réflexes à avoir.

Pour le confort d’été, l’isolation extérieure est à privilégier de manière à garder de l’inertie à l’intérieure qui permet de garder la fraîcheur. Il faut aussi privilégier les ouvertures qui permettent la ventilation nocturne, par exemple fenêtres oscillo-battantes, persiennes…

Quand l’isolation ne peut se faire que par l’intérieur, certains isolants, comme le liège, possèdent une meilleure inertie et peuvent être une bonne solution. Les plantations à proximité des bâtiments sont aussi une solution intéressante, sols naturels et arbres surtout les espèces caduques.

D’une manière générale, il faut éviter d’imperméabiliser les alentours des logements car les matériaux de construction (bitume, béton) stockent la chaleur et restent chauds le soir.

Faudra-t-il faire un choix entre économie et écologie ? Le confort et l’éco-construction sont-ils compatibles ?

Pour moi, cela va de pair. Effectivement, l’investissement écologique est plus important car les matériaux sont souvent plus chers, mais il y a de nombreux bénéfices sur le confort, la santé et les économies d’énergie qui peuvent être comptabilisés sur le temps.

Par exemple, les matériaux biosourcés  (liège, fibre de bois…), permettent une régulation de l’humidité qui évite des effets de condensation et moisissures localisées.

Et pour les entreprises, quels sont vos conseils pour améliorer le confort de travail dans les bâtiments ?

  • Bien gérer les équipements, notamment informatiques, vérifier qu’ils sont éteints le soir. 
  • Si possible adopter des stratégies de ventilation nocturne.
  • Adapter le dress code. 
  • Le confort thermique joue sur la performance au travail, c’est reconnu, mais une climatisation trop froide n’est pas non plus une bonne solution.

Pour aller plus loin :

Références :

La ville verte – Les rôles du végétal en ville. Marjorie Musy. QUAE. Synthèses. Versailles: Marjorie Musy, 2014.

Vivons la ville autrement – Des villes durables où il fait bon vivre au quotidien. Laurence Estival , et Marjorie Musy. Versailles: QUAE, 2017.

Les professionnels du bâtiment face aux défis énergétiques et environnementaux. Géraldine Molina, Marjorie Musy, et Margot Lefranc. ISTE. Energy Series, 2018.

Cet interview vous est proposée par Emilie LAIZEAU, franchisée La Minut’Rit des conciergeries de Sarthe, Mayenne et Eure-et-Loir.